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- mimichousse
fiche Eleveur
- Modoriarty
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Exercice d'écriture n°1 travailler sous contrainte
Topic de pititange V1
Le premier exercice que je vous proposerais ici sert à forcer l’imagination (qui est fort baladeuse) à plier dans le sens que VOUS lui imposez (même si en l’occurrence, c’est moi qui impose.).
Dans une pièce fermée de l’extérieur : il y a deux êtres vivants (vous pouvez choisir leurs sexes), l’un d'eux est blessé et chacun est dans cette pièce de son plein gré.
Dans cette pièce, il y a :
- Une lampe halogène. - Un échiquier avec toutes ses pièces. - Une radio qui ne fonctionne pas. - Un pinceau. - Un magazine datant d’il y a deux semaines.
Vous devez raconter ce qu’il s’est passé en 2 pages Word minimum, en utilisant TOUS les éléments qui vous sont fournis, et n’en rajoutant AUCUN, le tout avec une intrigue et une chute.
Vous pouvez garder ce travail pour vous ou le poster ici même sur ce topic (ce qui permettra aux uns et aux autres de faire le compte des faiblesses et points forts de chacun).
Il y aura d'autres exercices prochainement.
magadalena015 a écrit:Bon allez, je commence, ce n'est que le début:
" Je sentit son regard dans mon dos. Je me tourna lentement vers elle et l'observa, plongeant mes yeux dans les siens, serrant sa main dans la mienne. Elle soupira et regarda la pièce. C'est plutôt vide... Est ce qu'il y a au moins un truc à lire? Je la regarda, un demi sourire sur les lèvres. Tu n'arrêtes donc jamais de lire? Elle me tira la langue. Très drôle... Rappelle moi plutôt pourquoi j'ai acceptée d'aller dans ce trou à rats? Je soupira et leva les yeux au ciel. Tu le sait parfaitement Erika. Elle me regarda, exaspérée. Je te demande, c'est tout. Car, en dehors du fait que ça concerne une grosse somme d'argent, je n'en ai aucune idée. Il ne s'agit pas d'un grosse somme d'argent, il s'agit de "la" grosse somme d'argent. Celle qui me permettra de sauver ma sœur... Erika s'adoucit et prit ma main dans la sienne. J'ai acceptée de te suivre même si j'avais des doutes sur tes bonnes attention... A prèsent, je suis sur de vouloir restée avec toi. On la sauvera ensembles. Je lui souria. Tu en est vraiment certaines? Le contrat ne stipulait que moi... Psssst! J'ai dit oui et tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement! Elle se tourna et observa la petite pièce. Même si c'est pas du grand luxe. Il aurait put quand même prévoir un lit. Je le regarda et haussa les épaules. C'est déjà assez bizarre de me proposer autant d'argent pour une simple nuit ici... Alors je préfères ne pas me poser des questions. Erika alla vers un coin de la pièce ou était posée un magasine télé. Elle le prit et jetât un coup d'œil à la coup d'œil à la couverture. Il est dépassé de deux semaines! Faut le faire. Ils ont même pas prévus de lecture fraiche. Elle lâcha le magasine et regarda l'échiquier qui se trouvait sur le milieu du côtés opposé. Le seul truc qui à l'air un tantinet amusant ici et le seul jeux auquel je ne sait pas jouer. Je regarda l'échiquier et vit que toutes les pièces était présente. Bah, je pourrait t'apprendre. Avec plaisirs. Elle me lança un clin d'œil et regarda le milieu de la pièce. Je suivit son regard et vit un poste radio vieux de mille ans ainsi qu'une lampe halogène éteinte. Je me dirigea vers le poste et le prit dans mes mains. Elle s'approcha de moi, l'air plus guillerette. Cool, on pourra écouter de la musique. Désolée de te décevoir mais je pense qu'il va falloir attendre pour la musique... Je lui montrât le dos de l'appareil: il y avait un trou d'ou dépassés des circuit douteux. Ils ont surement été arrachés... Erika se renfrogna et jetât un regard noir sur le poste radio. Pas drôle! Elle se tourna vers l'echiquier et s'assit d'un côtés. Alors, tu m'apprends? Je la rejoignit, le sourire au lèvres. Blanc ou noir? Elle me regarda, déjà ^perdu. Euh... C'est lequel le meilleur? Il y a juste le fait que c'est le blanc qui commence et pas le noir... Bah le blanc alors. Je plaçait mes pions et Erika observa ou allait chaque pièce. Elle plaça ses pions et nous nous mîmes à jouer. Je decouvrit avec fierté qu'elle se debrouiller parfaitement bien et la partie dura plus de deux heures, d'àprés ma montre.
lolotaquin a écrit:voici donc ma création pardonnez l'auteur si quelque fautes d'orthographes subsistent. Je ne suis pas non plus fort en présentation, donc il est possible que des retours à la ligne manquent ou soient mal placés.
après la rédaction, je me suis aperçu que je n'avais pas respecté un critère Pardonnez-moi. Je n'ai vraiment pas envie de changer mon histoire.
- Mat ! - Je te trouve bien présomptueux de penser cela. As-tu vraiment étudié toutes les possibilités ? Les deux hommes étaient assis face à face, en tailleur. Tandis que le second le regardait avec un air amusé, le premier ne répliqua pas à la remarque acérée. Il commença à entreprendre une profonde réflexion. Cela n’était pas possible, il avait réfléchi à tous les schémas inimaginable, il était sûr de lui. Il refit son raisonnement, énumérant toutes les stratégies. Les plis de son front se plissèrent sous l’effort, ces yeux froncèrent. - Je te dis qu’il y a échec et mat, énonça finalement le malheureux Le second homme, toujours avec son sourire au coin des lèvres, avança tout doucement la main, souleva son cavalier et le plaça devant la reine de son adversaire. - Et ce cavalier là, il n’existe pas ? Le désespoir s’empara du premier homme. - Effectivement, je l’avais oublié, reconnut-il. Mais comment veux tu y voir quelque chose dans cette pénombre ?
Les deux hommes étaient dans une toute petite pièce, d’une superficie de trois mètres carré, ils étaient tout à l’étroit. Aucune fenêtre, des murs dégarnis, un plafond vide, elle ressemblait à un tombeau. D’ailleurs, heureusement que les deux hommes étaient de petites tailles, car en position debout, leur cheveux frôlait la poussière du plafond. Entre les deux hommes, était installé un petit échiquier avec des pièces en bois. Ce jeu paraissait bien incongru dans ce décors de mort. Heureusement, une petite lampe portative était entreposée juste à coté du plateau de jeu. Cuivrée, elle était munie d’une anse permettant de la transporter facilement à n’importe quel endroit.
Après un silence gênant, le second homme reprit la parole. - Je te l’ai déjà dit, il faut économiser. On ne peut pas se permettre un gaspillage abusif - rabat-joie ! Grommela le premier homme. Un peu plus de lumière ne nous ferait pas de mal, et on pourrait jouer sans s’esquinter les yeux. Le second homme le regarda avec des yeux sévères. - Nous ne savons pas combien de temps nous allons rester ici. Si l’on ne fait pas attention, on se retrouvera rapidement dans le noir. C’est cela que tu veux ? Rester des jours entiers dans l’obscurité totale ? - De toute façon, il arrivera bien un moment où ce sera le cas. Que ce soit maintenant ou plus tard, le résultat sera le même. Le second homme soupira - Autant que ce soit le plus tard possible. Personnellement, je ne suis pas pressé de plonger dans le désespoir.
Le sourd silence dont les deux hommes étaient maintenant coutumiers, reprit son droit. Le premier homme posa son coude sur sa cuisse puis sa joue sur la main. Son regard se porta sur l’échiquier, essayant de discerner les différentes pièces. Le coup de son adversaire l’avait déstabilisé. Il ne l’avait pas du tout prévu. Il fallait maintenant revoir toute sa stratégie. Il se remit donc dans une profonde réflexion. Après quelque minutes, il se décida, avança sa main vers son fou. Il souleva la pièce puis s’arrêta subitement. Non. Il réalisa qu’il avait oublié la tour placée judicieusement dans le coin. Il replaça son fou à sa place initiale. - J’en ai marre ! S’exclama soudainement le premier homme. On joue à ce jeu depuis déjà plusieurs heures. Je n’en peux plus. - Si près de la victoire ? Le titilla son adversaire - ah ah ah ! Après trois défaites de suite, je reconnais ta supériorité. Tu caches encore une de tes fameuses bottes secrètes qui font que je vais me retrouver échec et mat en un clin d’œil Le second homme se redressa. - Tu n’as qu’à abandonner dans ce cas - Hors de question ! Je ne te ferais pas ce plaisir. Je ne me suis pas battu d’arrache pieds pour abandonner en une seconde - Alors joue au lieu de te lamenter Le second homme avait le don d’exaspérer le premier, mais celui-ci n’entendait pas de se laisser faire. - Tu es à la minute ? On a pourtant tout le temps nécessaire pour finir cette partie. A moins que saches passer à travers les murs et que tu ne me l’aies pas dit ? Le second homme trouva la plaisanterie déplaisante et déplacée, de très mauvais gout, mais ne répliqua pas. Ce n’était pas le moment de se bagarrer, la situation était déjà bien assez critique. Il se contenta de fermer les yeux. Quand il les rouvrit, il énonça tout simplement, - Reprenons plus tard, si tu le veux bien. Nous sommes sur les nerfs, nous avons besoin de nous détendre Le premier homme acquiesça. Il était lui aussi au bord de la rupture.
Il porta alors son regard vers la radio. Depuis ce jour fatidique, il la portait toujours avec lui, ne la quittant jamais. Il tripatouilla tous les boutons espérant un miracle. Déjà elle grésillait depuis plusieurs jours. Puis, il y a quelque heures, le grésillement s’était éteint. Les piles s’étaient vidées. - On pourrait prendre les piles de l’halogène et les mettre dans la radio proposa timidement le premier homme. Le second homme poussa un gros soupir. Cette option avait déjà été évoquée maintes fois. - Et pour quoi faire ? Vider aussi ces piles là ? - On sait jamais, on pourrait capter quelque chose. - Pour la centième fois, dans cette pièce, il n’y a aucune chance d’avoir une quelconque réception. Et même si c’était le cas, on n’entendrait qu’un grésillement sortir de cette satanée radio. - Cela vaudrait peut être mieux que ce morbide silence. Cette fois, le second homme ne répondit pas. Il n’avait pas complètement faux. Il finit cependant par se prononcer, - Je préfère toutefois garder la lumière.
Le premier homme continua à manipuler la radio quelque instants puis la posa. Il détestait ne rien faire et attendre. C’était un homme manuel. Il était toujours occupé de ses mains, à l’exception de ces rares moments où il faisait une partie d’échec avec son ami. Mais il s’impatientait rapidement, et c’était ce défaut qui était souvent la cause de ses défaites. Cette fois, il n’y avait aucune option de sortie, et ses mains réclamaient du travail. Ses doigts reprirent alors leur chemin et s’acheminèrent vers le magazine. En le soulevant, le pinceau qui était entre les pages tomba. Apercevant le pinceau rouler sur le sol, le premier homme se souvint de la raison de la présence de ce pinceau. Le matin même, il avait repéré un article à la dixième page. Il fallait absolument qu’il le montre à son ami. Déjà très en retard, il avait pris comme marque page la première chose qui lui était tombée sous la main, un petit pinceau, à plume fine. Heureusement, ce pinceau était propre (ce qui était très rare), permettant de garder intact les pages du magazine. Ledit monsieur était peintre. S’extirpant de sa rêverie, il se mit à feuilleter le magazine - Tu ne le connais pas encore par cœur ? S’étonna le deuxième homme. - Hélas si, mais que veux-tu faire d’autre ? Le deuxième homme éleva sa main et se massa le front, puis répondit calmement. - Méditer, attendre et espérer. - Je n’ai pas ta patience. De plus, penser m’est insupportable. Je ne fais alors qu’imaginer les différents scénarios des évènements extérieurs et cela me ronge de l‘intérieur. Je suppose toujours le pire. - Hélas le pire est peut-être déjà arrivé. La question serait de préférence : avons-nous de la chance d’être enfermé dans cet endroit plutôt qu‘à l‘extérieur ? - Mourir, c’est mourir. Pour le choix de la méthode, je crois que j’en aurais préféré une autre. - Mais nous ne sommes pas encore morts ! Le premier homme ricana - Pas encore, mais cela ne saurait tarder. Si l’air ne passait pas sous la porte, nous serions déjà dans l’autre monde. Mais sans eau, je ne donne pas chère de notre peau. Et mourir de soif ne m’inspire pas une mort indolore. - Nous allons être secouru, il ne faut pas perdre espoir ! Le premier homme s’exclama - Et par qui ? Personne ne sait que nous sommes là, et même si quelqu’un le sait, encore faut-il qu’il le puisse ou qu’il le veuille ! Le second homme ne dit rien. Il avait complètement raison, mais il ne voulait pas se résoudre à s’abandonner à ce triste sort. Il avait déjà esquiver la mort une fois, il comptait bien réitérer cet exploit. C’était son ami qui lui avait sauvé la vie la première fois. Enfin, il avait reporté sa fin de quelque heures.
Le second homme se mit alors à se remémorer le terrible évènement. Son compagnon d’échec, était venu sonner à sa porte à huit heures pétante. Pour une fois, il avait réussi à être à l’heure. Et cela lui coûterait surement la vie. Il s’était présenté avec sa radio et son magazine. Ah sa radio qui n’émettait déjà plus depuis quelque jours à part un grésillement insupportable. Il refusait de s’en séparer. « On sait jamais » s’exclamait-il à chaque fois qu’il lui demander pourquoi il la gardait. Il le fit alors rentrer dans la maison. C’était un duo assez comique à voir. Lui avec son échiquier sous le bras, et son ami avec sa radio et son magazine. Avant de s’installer dans le salon, il l’amena dans le garage. Il avait tout refait il y a déjà plusieurs semaines, bien avant le début des terribles évènements des jours précédents. Mais son ami n’avait pas pu venir plus tôt. Les premiers jours, il était resté chez lui avec la peur de sortir. Puis une fois l’effroi passé, il se décida enfin à quitter son cocon. Ah si seulement il ne l’avait pas fait, ils ne seraient pas dans cette position à l’heure actuelle. Dans le vestibule, le deuxième homme prit une lampe halogène entreposée sur la table et les deux descendirent les escaliers menant au sous-sol. En bas des marches l’hôte désigna une petite pièce vide. Il avait l’intention d’ y installer un placard à balais. Puis soudain, un énorme fracas. Il n’eut le temps de rien voir. Il se vit projeter dans la pièce, poussé par son ami. Un instant plus tard, grand silence. La porte s’était refermée, les insonorisant de l‘extérieur. Quand ils essayèrent de l’ouvrir, elle coinça. Ils appuyèrent de toutes leur force, sans succès. Ils étaient bel et bien enfermé. Toute la maison avait dû s’effondrer, et son ami l’avait poussé juste à temps. Il s’en était sorti avec quelque égratignures et une bosse sur le front. Cependant, la douleur à sa tête ne s’estompait pas. A l’heure actuelle, ce n’était pas l’essentiel, et il n’en avait pas fait part à son ami. Il ne voulait pas l’inquiéter encore plus.
Encore dans ses souvenirs, il entendit à peine son ami parler. - quoi ? Finit-il par bafouiller. - Alors on la reprend cette partie, que je puisse enfin gagner ? Le deuxième homme répondit ironiquement. - L’espoir fait vivre Après quelque temps de réflexion, le premier homme se décida enfin. A ce même moment, la faible lueur de la lampe s’éteignit, les plongeant dans l’obscurité totale.
lolotaquin suite a écrit:bon finalement, j'ai un peu continué. Le scénario avait besoin d'être un peu plus exploité. Voici donc mon "chef d'oeuvre"
- Mat ! - Je te trouve bien présomptueux de penser cela. As-tu vraiment étudié toutes les possibilités ? Les deux hommes étaient assis face à face, en tailleur. Tandis que le second le regardait avec un air amusé, le premier ne répliqua pas à la remarque acérée. Il commença à entreprendre une profonde réflexion. Cela n’était pas possible, il avait réfléchi à tous les schémas inimaginable, il était sûr de lui. Il refit son raisonnement, énumérant toutes les stratégies. Les plis de son front se plissèrent sous l’effort, ces yeux froncèrent. - Je te dis qu’il y a échec et mat, énonça finalement le malheureux Le second homme, toujours avec son sourire au coin des lèvres, avança tout doucement la main, souleva son cavalier et le plaça devant la reine de son adversaire. - Et ce cavalier là, il n’existe pas ? Le désespoir s’empara du premier homme. - Effectivement, je l’avais oublié, reconnut-il. Mais comment veux tu y voir quelque chose dans cette pénombre ?
Les deux hommes étaient dans une toute petite pièce, d’une superficie de trois mètres carré, ils étaient tout à l’étroit. Aucune fenêtre, des murs dégarnis, un plafond vide, elle ressemblait à un tombeau. D’ailleurs, heureusement que les deux hommes étaient de petites tailles, car en position debout, leur cheveux frôlait la poussière du plafond. Entre les deux hommes, était installé un petit échiquier avec des pièces en bois. Ce jeu paraissait bien incongru dans ce décors de mort. Heureusement, une petite lampe portative était entreposée juste à coté du plateau de jeu. Cuivrée, elle était munie d’une anse permettant de la transporter facilement à n’importe quel endroit.
Après un silence gênant, le second homme reprit la parole. - Je te l’ai déjà dit, il faut économiser. On ne peut pas se permettre un gaspillage abusif - rabat-joie ! Grommela le premier homme. Un peu plus de lumière ne nous ferait pas de mal, et on pourrait jouer sans s’esquinter les yeux. Le second homme le regarda avec des yeux sévères. - Nous ne savons pas combien de temps nous allons rester ici. Si l’on ne fait pas attention, on se retrouvera rapidement dans le noir. C’est cela que tu veux ? Rester des jours entiers dans l’obscurité totale ? - De toute façon, il arrivera bien un moment où ce sera le cas. Que ce soit maintenant ou plus tard, le résultat sera le même. Le second homme soupira - Autant que ce soit le plus tard possible. Personnellement, je ne suis pas pressé de plonger dans le désespoir.
Le sourd silence dont les deux hommes étaient maintenant coutumiers, reprit son droit. Le premier homme posa son coude sur sa cuisse puis sa joue sur la main. Son regard se porta sur l’échiquier, essayant de discerner les différentes pièces. Le coup de son adversaire l’avait déstabilisé. Il ne l’avait pas du tout prévu. Il fallait maintenant revoir toute sa stratégie. Il se remit donc dans une profonde réflexion. Après quelque minutes, il se décida, avança sa main vers son fou. Il souleva la pièce puis s’arrêta subitement. Non. Il réalisa qu’il avait oublié la tour placée judicieusement dans le coin. Il replaça son fou à sa place initiale. - J’en ai marre ! S’exclama soudainement le premier homme. On joue à ce jeu depuis déjà plusieurs heures. Je n’en peux plus. - Si près de la victoire ? Le titilla son adversaire - ah ah ah ! Après trois défaites de suite, je reconnais ta supériorité. Tu caches encore une de tes fameuses bottes secrètes qui font que je vais me retrouver échec et mat en un clin d’œil Le second homme se redressa. - Tu n’as qu’à abandonner dans ce cas - Hors de question ! Je ne te ferais pas ce plaisir. Je ne me suis pas battu d’arrache pieds pour abandonner en une seconde - Alors joue au lieu de te lamenter Le second homme avait le don d’exaspérer le premier, mais celui-ci n’entendait pas de se laisser faire. - Tu es à la minute ? On a pourtant tout le temps nécessaire pour finir cette partie. A moins que saches passer à travers les murs et que tu ne me l’aies pas dit ? Le second homme trouva la plaisanterie déplaisante et déplacée, de très mauvais gout, mais ne répliqua pas. Ce n’était pas le moment de se bagarrer, la situation était déjà bien assez critique. Il se contenta de fermer les yeux. Quand il les rouvrit, il énonça tout simplement, - Reprenons plus tard, si tu le veux bien. Nous sommes sur les nerfs, nous avons besoin de nous détendre Le premier homme acquiesça. Il était lui aussi au bord de la rupture.
Il porta alors son regard vers la radio. Depuis ce jour fatidique, il la portait toujours avec lui, ne la quittant jamais. Il tripatouilla tous les boutons espérant un miracle. Déjà elle grésillait depuis plusieurs jours. Puis, il y a quelque heures, le grésillement s’était éteint. Les piles s’étaient vidées. - On pourrait prendre les piles de l’halogène et les mettre dans la radio proposa timidement le premier homme. Le second homme poussa un gros soupir. Cette option avait déjà été évoquée maintes fois. - Et pour quoi faire ? Vider aussi ces piles là ? - On sait jamais, on pourrait capter quelque chose. - Pour la centième fois, dans cette pièce, il n’y a aucune chance d’avoir une quelconque réception. Et même si c’était le cas, on n’entendrait qu’un grésillement sortir de cette satanée radio. - Cela vaudrait peut être mieux que ce morbide silence. Cette fois, le second homme ne répondit pas. Il n’avait pas complètement faux. Il finit cependant par se prononcer, - Je préfère toutefois garder la lumière.
Le premier homme continua à manipuler la radio quelque instants puis la posa. Il détestait ne rien faire et attendre. C’était un homme manuel. Il était toujours occupé de ses mains, à l’exception de ces rares moments où il faisait une partie d’échec avec son ami. Mais il s’impatientait rapidement, et c’était ce défaut qui était souvent la cause de ses défaites. Cette fois, il n’y avait aucune option de sortie, et ses mains réclamaient du travail. Ses doigts reprirent alors leur chemin et s’acheminèrent vers le magazine. En le soulevant, le pinceau qui était entre les pages tomba. Apercevant le pinceau rouler sur le sol, le premier homme se souvint de la raison de la présence de ce pinceau. Le matin même, il avait repéré un article à la dixième page. Il fallait absolument qu’il le montre à son ami. Déjà très en retard, il avait pris comme marque page la première chose qui lui était tombée sous la main, un petit pinceau, à plume fine. Heureusement, ce pinceau était propre (ce qui était très rare), permettant de garder intact les pages du magazine. Ledit monsieur était peintre. S’extirpant de sa rêverie, il se mit à feuilleter le magazine - Tu ne le connais pas encore par cœur ? S’étonna le deuxième homme. - Hélas si, mais que veux-tu faire d’autre ? Le deuxième homme éleva sa main et se massa le front, puis répondit calmement. - Méditer, attendre et espérer. - Je n’ai pas ta patience. De plus, penser m’est insupportable. Je ne fais alors qu’imaginer les différents scénarios des évènements extérieurs et cela me ronge de l‘intérieur. Je suppose toujours le pire. - Hélas le pire est peut-être déjà arrivé. La question serait de préférence : avons-nous de la chance d’être enfermé dans cet endroit plutôt qu‘à l‘extérieur ? - Mourir, c’est mourir. Pour le choix de la méthode, je crois que j’en aurais préféré une autre. - Mais nous ne sommes pas encore morts ! Le premier homme ricana - Pas encore, mais cela ne saurait tarder. Si l’air ne passait pas sous la porte, nous serions déjà dans l’autre monde. Mais sans eau, je ne donne pas chère de notre peau. Et mourir de soif ne m’inspire pas une mort indolore. - Nous allons être secouru, il ne faut pas perdre espoir ! Le premier homme s’exclama - Et par qui ? Personne ne sait que nous sommes là, et même si quelqu’un le sait, encore faut-il qu’il le puisse ou qu’il le veuille ! Le second homme ne dit rien. Il avait complètement raison, mais il ne voulait pas se résoudre à s’abandonner à ce triste sort. Il avait déjà esquiver la mort une fois, il comptait bien réitérer cet exploit. C’était son ami qui lui avait sauvé la vie la première fois. Enfin, il avait reporté sa fin de quelque heures.
Le second homme se mit alors à se remémorer le terrible évènement. Son compagnon d’échec, était venu sonner à sa porte à huit heures pétante. Pour une fois, il avait réussi à être à l’heure. Et cela lui coûterait surement la vie. Il s’était présenté avec sa radio et son magazine. Ah sa radio qui n’émettait déjà plus depuis quelque jours à part un grésillement insupportable. Il refusait de s’en séparer. « On sait jamais » s’exclamait-il à chaque fois qu’il lui demander pourquoi il la gardait. Il le fit alors rentrer dans la maison. C’était un duo assez comique à voir. Lui avec son échiquier sous le bras, et son ami avec sa radio et son magazine. Avant de s’installer dans le salon, il l’amena dans le garage. Il avait tout refait il y a déjà plusieurs semaines, bien avant le début des terribles évènements des jours précédents. Mais son ami n’avait pas pu venir plus tôt. Les premiers jours, il était resté chez lui avec la peur de sortir. Puis une fois l’effroi passé, il se décida enfin à quitter son cocon. Ah si seulement il ne l’avait pas fait, ils ne seraient pas dans cette position à l’heure actuelle. Dans le vestibule, le deuxième homme prit une lampe halogène entreposée sur la table et les deux descendirent les escaliers menant au sous-sol. En bas des marches l’hôte désigna une petite pièce vide. Il avait l’intention d’ y installer un placard à balais. Puis soudain, un énorme fracas. Il n’eut le temps de rien voir. Il se vit projeter dans la pièce, poussé par son ami. Un instant plus tard, grand silence. La porte s’était refermée, les insonorisant de l‘extérieur. Quand ils essayèrent de l’ouvrir, elle coinça. Ils appuyèrent de toutes leur force, sans succès. Ils étaient bel et bien enfermé. Toute la maison avait dû s’effondrer, et son ami l’avait poussé juste à temps. Il s’en était sorti avec quelque égratignures et une bosse sur le front. Cependant, la douleur à sa tête ne s’estompait pas. A l’heure actuelle, ce n’était pas l’essentiel, et il n’en avait pas fait part à son ami. Il ne voulait pas l’inquiéter encore plus.
Encore dans ses souvenirs, il entendit à peine son ami parler. - quoi ? Finit-il par bafouiller. - Alors on la reprend cette partie, que je puisse enfin gagner ? Le deuxième homme répondit ironiquement. - L’espoir fait vivre Après quelque temps de réflexion, le premier homme se décida enfin. Ce cavalier l’embêtait énormément. En plein milieu, il ne pouvait plus approcher le roi de son adversaire. Il fallait absolument le faire fuir. Il avança son pion afin de placer son fou en ligne de mir, directement sur le cavalier. Cela mettait légèrement son coté droit à découvert, mais il n’avait pas le choix. De plus, il fallait à son adversaire s’occuper prioritairement de son cavalier sinon il perdrait la partie. - A ton tour, annonça-t-il. Le second homme esquissa un sourire qui n’échappa au premier, malgré la pénombre. Celui-ci s’en inquiéta. - Tu me prépares un mauvais coups, je le sens. - Mon cher, tu es tellement prévisible. Le premier homme réalisa alors son erreur. En avançant ce pion, il dégageait ma reine de son adversaire, lui laissant toute latitude. Il s’était laissé approché, et lui, comme un idiot était tombé dans son piège. - Ah je le savais bien que tu allais me sortir un coup comme celui-là ! A ce moment, la lampe émit un léger clignotement. Les deux hommes fixèrent alors intensément l’halogène. - Elle ne va plus durer très longtemps, signala le deuxième homme. - Il faut donc se dépêcher de finir la partie, avant qu’on n’y voit plus du tout. - Nous n’aurons qu’à faire comme les grands maîtres, ils sont capables de jouer des parties en se représentant le jeu dans leur tête. - Je suis désolé de te décevoir, mais je n’ai pas atteint ce niveau là, lança dans un sarcasme le premier homme. D’ailleurs, si je l’avais eu, je pense que je ne serais pas en train de moisir ici. - Oh mais de nombreux choix t’auraient permis d’échapper à ce triste sort. Tu aurais pu partir il y a une quinzaine de jours, comme tant de personnes, tu aurais pu rester chez toi ce matin, cloitré dans ta maison, tu aurais pu … - Suffit ! La situation est déjà assez stressante, n’en rajoute pas ! - J’aurais pu aussi succomber durant les derniers jours, tu n’aurais pas eu à me rendre cette visite de courtoisie. - Pourquoi dis-tu cela ? - Parce que tu m’en veux ! Tout simplement. Sans moi, tu serais tranquillement en train de prendre ton thé, installé bien confortablement dans ton salon. Le premier homme fit ses gros yeux et commença à s’énerver. Il savait pertinemment que son ami le provoquait, mais la pression était trop grande. Il ne tint plus. - Oui, cria-t-il. C’est bien ca ce que tu voulais savoir ! Oui, je t’en veux. Oui, je serais pas condamné à cette mort lente et douloureuse. Oui, je serais avachi dans mon canapé lisant mon magazine tranquillement. Voilà, tu es content ? - Très, soupira le deuxième homme. Et maintenant que l’abcès est percé, on peut alors en parler. - De quoi, de comment tu vas réussir à nous sortir de là ? Répliqua sèchement le premier homme. Le deuxième homme s’adossa alors contre le mur et se massa le front. - Non pas du tout, énonça-t-il. On peut alors parler du destin. Le premier homme commença à voir rouge. Ils étaient enfermés dans une boite de conserve, sans moyen de communication, presque sans lumière, sans eau, sans nourriture, et lui philosophait. - Tu ne rigolais donc pas alors quand tu parlais de méditation. Mais alors, puisque le Destin est si puissant. Comment va-t-il nous sauver ? Tu as médité là-dessus aussi ? - Ne sois pas stupide, dit froidement le deuxième homme. Le premier homme se retint de lui envoyer son poing dans la figure. Il avait un tempérament emporté, cela lui était déjà arrivé de se bagarrer, mais il était son ami. Il ne pouvait reporter sur lui la totalité de ses malheurs. Il respira un bon coup, puis demanda calmement. - Alors, qu’Est-ce que le Destin t’a dévoilé ? Le deuxième homme souffla. Il l’avait échappé belle. Il était allé trop loin dans la provocation, et il avait failli en payer le prix. Il se promit de ne plus recommencer. - Ce que je voulait dire, c’est que c’est l’ensemble de nos choix qui nous ont amené à cet endroit là, à ce moment précis. En fuyant il y a quelque jours, tu aurais pu avoir un accident, et trépasser. En restant chez toi, ta maison aurait pu s’écrouler sur toi, te laissant agonisant sur le canapé. Nous aurions pu aller directement dans le salon au lieu de descendre au sous-sol, nous aurions été écrasé. Or nous sommes encore en vie, estimons nous heureux, et laissons le Destin poursuivre son chemin. - Ton raisonnement comporte plusieurs défauts. Le premier homme dévisagea son compagnon. C’était la première fois qu’il omettait des détails. Lui qui d’habitude était d’un rigueur infaillible. - Outre des hypothèses que l’on ne peut vérifier, tu pars du principe que toute la maison s’est écroulée. Or, nous ne savons ce qu’il en est de derrière cette porte. Peut-être est-ce juste une poutre qui est tombée, bloquant totalement la porte. - Avec ce fracas énorme ? Cela m’étonnerait beaucoup - Toujours aussi optimiste à ce que je vois ! Le premier homme se mit à rire, d’un rire nerveux. - Tu ne te souviens vraiment pas de l’éboulement, juste avant de me pousser ? Questionna le deuxième homme. - Je te le répète, j’ai entendu le boum, et vu un énorme truc noir arriver sur nous. Ce sont des reflex qui nous ont sauvé. Instinctivement, je t’ai poussé dans la pièce avant de moi-même y sauter. Une seconde plus tard, la porte claquait et voilà. Le deuxième homme soupira. Cette absence de connaissance de certaines données le rongeait de l’intérieur. Il cherchait en vain une solution pour sortir de là, mais toutes ses stratégies étaient anéanties par l’inconnu. Qu’est-ce qui bloquait la porte ? Une poutre ? Tout l’étage du dessus ? Ses maux de têtes reprirent et il abandonna sa réflexion pour fermer les yeux et vider son esprit. Il était essentiel de garder la tête froide.
Le premier homme aperçut le malaise qui s’emparait de son ami. Ce n’était pas le premier signe qu’il laissait transparaitre, mais n’en avait soufflé mot. S’il n’en avait pas parlé, c’est qu’il ne voulait pas, et il n’était pas du genre à se laisser forcer la main. Il détourna son regard sur l’échiquier. Ce jeu commençait à vraiment l’énerver, mais c’était maintenant la seul occupation qui lui permettait de ne pas sombrer dans la folie.
- Et ta voisine ? Dit le premier homme, cassant ce silence pesant. - Laquelle ? - La petite vieille. Celle qui chérit son jardin comme la prunelle de ses yeux - Ah elle … tout d’abord, ne critique pas son jardin. Tu sais bien que depuis que depuis que ses enfants sont partis, il est devenu toute sa vie. - Excuses moi. Tu as raison. Elle a forcément du voir, ou du moins entendre, l’effondrement. - Primo, elle est sourde comme un pot. On pourrait lancer un boulet de canon à coté de son oreille, qu’elle ne l’entendrait pas. Secundo, Elle serait déjà venu depuis fort bien longtemps. Le premier homme l’interrompit. - Pas si voyant les dégâts, elle est partie chercher de l’aide, ce qui expliquerait ces longues … - Stop ! Je t’arrête tout de suite. Je ne voudrais que de fausses illusions s’installent dans ton esprit. Je reprends. Tertio, elle est partie tout de suite après le drame, il y a quinze jours. Elle a pris peur, et est partie s’installer dans la campagne, avec de la famille éloignée. - ah. Le visage du premier homme s’assombrit encore plus. - Et l’autre voisine ? La petite jeunette ? Demanda le premier homme sans grande conviction. - Elle est partie se réfugier chez son homme. Nous sommes bel et bien esseulés, personne ne sait où nous sommes.
Encore une fois, un grand silence s’installa entre les deux hommes, les abandonnant à leur solitude. Le premier se décida enfin à le rompre. - Tu vas l’acheter alors ? - hum ? Questionna le deuxième homme. - l’échiquier. - ah lui ! Peut être … - ca changerait de celui-ci, il commence à prendre beaucoup d’âge Le deuxième homme regarda son jeu. Il se souvenait de sa provenance. Son père avait sculpté de ses propres mains les petites pièces de bois. C’était son cadeau d’anniversaire de ses dix-huit ans. Vingt ans plus tard, il le chérissait autant. Les noirs étaient en bois d’ébène, les blancs en bois de cerf et le plateau en bois d’olivier. Malgré que son père était menuisier, il avait dû passé un temps fou à confectionner cette œuvre d’art. Il rechignait donc à s’en procurer un autre. Cependant, il avait beaucoup servi et le temps avait fait son œuvre. Certaines pièces étaient déformées, et il fallait connaître ce jeu pour en différencier quelque unes. Il prit le magazine entre ses mains et lut de nouveau l’article. L’image juste au dessus était magnifique. L’échiquier qui y était représenté était en cristal. Cela était à la fois un avantage et un inconvénient. L’avantage est qu’il allait parfaitement avec le design de son salon. L’inconvénient est qu’il était fragile. Or il l’emmenait souvent avec lui, et craignait le casser rapidement. Et puis, il n’avait pas la valeur sentimentale de l’ancien. Il hésitait donc. - De toute façon, il faut d’abord sortir d’ici, conclut le deuxième homme. - Et si l’on y arrive ? - J’irais peut être faire un tour au magasin … s’il existe encore. - toujours d’un pessimisme navrant. - et toi toujours d’un … Le deuxième homme s’effondra soudainement. Il tomba sur le coté, tête posée sur le sol, laissant glisser le magazine de ses mains. Son ami se précipita vers lui. Il releva légèrement sa tête et lui tapota la joue. Le deuxième homme entrouvrit alors les yeux. D’abord flou, l’image imprimée par ses yeux s’éclaircit et il vit que son ami était à quelque centimètres à peine. Sa migraine avait empiré, et restait encore un peu étourdi. - Ca va ? Demanda avec inquiétude le premier homme. - Je survis, répondit son ami en esquissant un sourire. Ne t’inquiète pas pour moi. Ce n’est que passager. Il se redressa et reprit sa position en tailleur. Il ne fallait pas que son ami le sache. Cette situation était son fardeau, son compagnon ne devait pas culpabiliser. - Ah bien joué ! Remarqua le deuxième homme. Tu profites de ma faiblesse pour détruire le jeu. Le premier homme s’aperçut qu’effectivement, dans sa précipitation, il avait renversé toutes les pièces du jeu d’échec. - Je ne voulais pas que tu assistes à ta première défaite, ironisa-t-il. Le deuxième homme se mit à rire qui se transforma en toux. - tu es bien pâle, constata le premier homme. - C’est l’ambiance qui fait cela. Je vais bien. On a plus qu’à recommencer une partie alors ! - Dans ton état ? Ce n’est pas raisonnable. Et puis je vais culpabiliser de te mettre une pâtée, et après tu vas trouver le prétexte que t’étais handicapé. Hors de question ! Je te veux en pleine forme pour savourer ma future victoire. - Même sur mon lit de mourant, tu n’arriveras pas à me battre, petit scarabée. Le premier homme éclata de rire. Puis il reprit une mine sévère et étudia attentivement son ami. -Vas-tu enfin me dire ce qu’il s’est passé ? Cet évanouissement n’est pas normal. Tu me caches quelque chose. - Mais non, je ne te cache rien. Je vais parfaitement bien. Allez, remets les pièces dans l’ordre initial. A moins que tu te souviennes de leur emplacement exact à l’issue du dernier coup ? Le premier homme capitula et commença à installer les pièces. Il remarqua que la lueur de la lampe avait encore faiblit, mais n’en dit mot. Il ne voulait pas alarmer encore plus son ami. Il paraissait déjà dans un sale état. Une fois la bataille installée sur le jeu, il demanda à son challenger. - blanc ou noir ? - Fais toi plaisir : prends les blancs. Le premier homme se mit alors à réfléchir. Quelle stratégie adopter ? Laquelle utiliser ? Pour battre son adversaire, il fallait le surprendre. Mais comment faire ? Il connaissait toutes les stratégies du début de jeu. Le deuxième homme remarqua sa profonde réflexion et ricana. - Alors on se demande comment commencer ? Le premier homme haussa les épaules et avança sa son pion du devant son cavalier de droite d’une case. - Cela te convient-il ? - Parfaitement, répondit son adversaire. Mais alors qu’il allait répliquer en avançant son pion du devant son roi, son compagnon s’écria. - Mon frère ! Le deuxième homme sursauta si fort, qu’il fit tomber ledit pion. - Du calme, tu vas me donner des palpitations - Mon frère ! Reprit le premier homme les yeux pétillants. - Qu’y a-t-il ton frère ? - C’est lui qui va nous sauver ! Le deuxième homme le regarda incrédule. Il était devenu fou. - Explicite ta pensée, car là je suis complètement perdu. Le premier homme savoura ce moment et répondit avec enthousiasme. - Il y a un mois, il m’avait dit qu’il comptait me rendre visite. Avec les derniers évènements tragiques, j’avais complètement oublié, mais je m’en rappelle maintenant. Il devait venir ce soir ! Le deuxième homme haussa les sourcils, et attendit la suite. Il ne voyait toujours pas où il allait en venir. - Il va arriver chez moi. S’il n’y a personne, il va penser que je suis ici, chez toi. Il connait l’existence de nos parties d’échec hebdomadaires. Il va se dire que ca a tardé, puis que je suis resté chez toi. Donc il serait venu nous rejoindre, et voyant l’état de la maison, il serait parti chercher des secours. Il suffit donc d’attendre. Pour la première fois depuis plusieurs heures, le premier homme afficha un grand sourire sincère. Son compagnon ne l’imita pas. Dans un premier temps, il hésita. Son ami avait un nouvel espoir, il s’en voudrait de le gâcher. En même temps, il ne voulait pas qu’il se fasse de faux espoirs. Il finit donc par commenter ses propos. - Mon ami, je suis désolé de te décevoir, mais je ne pense pas qu’il vienne. La lettre date de un mois ? C’était avant les tragiques évènements. Il a peut être décidé de retarder sa venue pour une période plus propice. C’est en tout cas le choix le plus raisonnable. Et même s’il était venu, voyant ta maison vide, voir détruite, il s’est surement dit que tu étais parti te mettre en lieu sûr. - Non ! Il savait que je ne quitterais pas mon foyer, quoiqu’il puisse se passer. - Tu oublies aussi un dernier détail. Il est aussi possible que lui-même ait été touché par le drame. - Tais-toi ! Ne parles pas de malheur. Le deuxième homme se tut. Un silence pesant s’empara de la pièce. Après quelque minutes électriques, le premier homme ne tint pas. - Toi et ton pessimisme. Toujours à voir le pire. Mais la situation est bien assez grave comme ca. Laisse moi un peu d’espoir, on est pas encore mort, et je tiens encore à penser à un miracle. De plus, cette possibilité est quand même envisageable, je me refuse de l’écarter. - Oui, tu as raison. Excuse moi. Le premier homme étudia alors son ami. Ses plis du font froncés, ses yeux vers le bas, la tête ailleurs. Il ruminait mais se retenait de s’exprimer. - Ok, éclata le premier homme. Dis-moi ce qui te tracasse. Alors le deuxième homme reprit. - Supposons que ton frère soit venu. Il serait arrivé vers quelle heure ? 19H ? - Oui je pense, pour quelle raison ? - 19H, personne. Il décide de venir chez moi, 19H30. Il comprend la catastrophe. Il part chercher des secours. Où ca ? Qui accepterait de l’aider ? Combien de temps mettrait-il ? - Stop ! - Je sais, mais il faut se poser toutes ces questions là. Notre secours dépend de tellement d’hypothèses, et nous ne savons rien du tout des évènements extérieurs. Même pas l’heure qui l’est actuellement. 20H ? 12H ? Le petit matin ? Cela parait tellement loin maintenant … Le premier homme savait que son ami avait complètement raison, mais il refusait à se l’avouer. Il prit la radio entre ses mains. - Satané radio qui ne marche plus. Il explosa alors et projeta le transistor contre le mur de toutes ses forces. Celui-ci éclata en mille morceaux. Son compagnons rabattit son bras devant sa figure pour éviter les débris. Il lança alors ironiquement. - Elle ne t’a rien fait elle. Elle est innocente. Le premier homme le regarda d’un œil mauvais. - Même si les piles n’avaient pas été mortes, tu sais bien que la tour opérateur a été détruite. Nous étions déjà coupé du reste du monde, sans nouvelles. Le premier homme soupira. Son ami avait une nouvelle fois raison, et cela l’irritait beaucoup. Il résuma la situation - Nous voilà donc voué à attendre l’hypothétique secours de mon frère, à un moment inconnu, sans informations sur l’extérieur de ce tombeau, avec une lampe sur le point de s’éteindre, sans eau et sans nourriture. - Exactement. N’est-ce pas le paradis ? Sur ces mots, le deuxième homme s’effondra inconscient. A ce même moment, la faible lueur de la lampe s’éteignit, les plongeant dans l’obscurité totale.
lucilus a écrit:Bonjour ! Je ne suis pas écrivain mais ce challenge m'inspire une petite histoire que voici :
- hé bien déjà deux semaines...... pfff j'ai l'impression que c'était hier !!!! Annouchk regardait le magazine posé à côté de l'échiquier.... Là, sur la une, figurait sa photo, jeune et jolie jeune femme d'une vingtaine d'années, boucles blondes... coiffée d'un diadème de Miss Poneyland. L'article parlait de son élection,.... quinze jours plus tôt..... le souvenir en était précis dans son esprit..... Quelle merveilleuse soirée, tout le gratin était là, même Allain Ledon avait fait le déplacement !!!! Robe magnifique, coiffure de princesse...... - Annouchk !!!! Annouchk !!!! Reviens sur terre !!!! Nous sommes là, toutes les deux, dans cette chambre à peine éclairée !!! Bien loin des sunlights et des projecteurs colorés !!!! Prends donc ton pinceau et aide-moi à finir ce que les Grands Maîtres nous ont demandé !!!!! La jeune femme détourna son regard vers Lulu la Belle. Malgré le visage rongé par la peur et l'angoisse, Lulu restait la magnifique Miss qu'elle avait été vingt ans plus tôt. Son égérie, la plus célèbre Miss de tous les temps, celle qui était devenue la prêtresse Lulu la Magique.... la seule et unique Lulu la Magique !!!!! - Bon alors, tu te décides ????? Nous n'avons plus beaucoup de temps... ils vont revenir bientôt. Augmente donc la puissance de cette lampe halogène... on se croirait dans un trou à rats..... Et cette radio qui ne fonctionne pas !!!! Tout cela m'énerve !!!!! Annouchk que fais tu donc ???? Quel est ce bruit ????? - Du bruit ???? Je n'entends rien.... - Me prends tu donc pour une folle ??? Tais toi donc et sois un peu plus attentive... Tendant l'oreille sans bouger, Annouchk entendit alors un petit bruit..... plutôt un grincement..... léger, furtif, mais répétitif..... Tendant encore plus l'oreille, elle se rendit compte en même temps que Lulu, que le bruit parvenait de l'échiquier. Se regardant l'une l'autre incrédules, elles se prirent la main et s'approchèrent ensemble de la table sur laquelle le jeu était posé. A leur grande surprise elles virent alors le cavalier noir changer de case, puis la reine blanche bougea aussi.... En y regardant de plus prêt elles constatèrent que toutes les pièces bougeaient.... se déplaçant lentement, méthodiquement, elles se réunissaient pour former un mot.... Oui c'était bien ça, un mot...... Les deux femmes n'en croyaient pas leurs yeux...... Le bruit cessa et sur l'échéquier était écrit : AIDEZ-NOUS Lulu comprit immédiatement... tout était clair à présent. Toutes deux étaient entrées ici de leur plein gré. On leur avait dit qu'elles trouveraient en ce lieu les poneys pur blanc et pur noir que tout le monde rêvait de posséder. C'était l'ultime quête qu'elle devait effectuer pour atteindre le rang de Grande Prêtresse de Poneyland. Les Grands Maîtres lui avaient dit : '...Nous te conduirons dans la maison de la colline. Emmène avec toi la dernière Miss Poneyland. Vous y serez toutes deux enfermées par nos soins, cachées du monde extérieur. Vous devrez accomplir ensemble une fresque représentant les étoiles, les planètes et la voie lactée.... La dernière étoile représentée devra être celle du Nord, celle qui, grâce à ta magie, permettra de faire revenir les poneys blancs et noirs aujourd'hui disparus. Mais attention, cette magie doit avoir lieu avant le 25 Décembre.... Jour ultime où les poneys pourront revenir.... Sinon ils seront perdus à jamais et vous les rejoindrez toutes deux..... réunis ainsi pour l'éternité dans un lieu fait de marbre froid et sans aucune fantaisie que le noir et le blanc...' Maintenant elle comprenait !!!! Ces malheureux poneys étaient là, sous leurs yeux depuis le début !!!! Le jour fatidique approchant et la lumière un peu plus poussée aujourd'hui leur avaient donné un élan de désespoir, leur courage avait réussi à les faire bouger pour attirer l'attention des deux femmes. Ainsi ils étaient là !!!! Ces poneys tant convoités étaient réduits à être pour toujours des pièces d'échecs, pièces inertes de marbre froid !!!!! Et elles les rejoindraient toutes deux si elles ne parvenaient pas à terminer la tâche qu'on leur avait confié. Elle révéla ce qu'elle avait découvert à Annouchk qui l'écouta avec attention. Elle aussi voulait, un jour, devenir Grande Prêtresse et ici commençait son apprentissage. Elle comprenait à son tour pourquoi elle avait été choisie. Toutes deux se remirent à la tâche, la fresque était loin d'être finie, il restait peu de temps..... Elles décidèrent de travailler jour et nuit et de pousser au plus loin leur limite pour accomplir de leur mieux cette mission difficile. Allaient-elles en venir à bout ???? Jour après jour, nuit après nuit, pendant que l'une prenait un peu de repos, l'autre tenait l'unique pinceau et peignait sans relâche, prenant soin de n'oublier aucune étoile. Grâce à Dieu, Lulu connaissait les astres dans les plus petits détails. Elle remerciait aujourd'hui ses maîtres qui lui avaient tout appris. Annouchk quand à elle maîtrisait bien le si petit pinceau qui leur avait été remis. La fresque prenait tournure et petit à petit le plafond gigantesque de cette pièce devenait la voûte céleste. Ici la grande ourse, là le scorpion, encore ici la petite ourse.... les constellations se matérialisaient à l'infini sous les coups de pinceau experts des deux femmes. C'est ainsi, qu'après un long travail acharné, Lulu, le soir du 24 Décembre, un peu avant minuit mit la touche finale à cette mission qu'elle pensait impossible à réaliser. Elle pronnonça, sous le regard impressionné d'Annouchk, les paroles magiques qu'elle seule pouvaient invoquer.... Dès qu'elle eu fini de prononcer la dernière phrase un éclair magique transperça la pièce, émanant de la lampe halogène qui était devenue leur amie..... Puis plus rien..... Les minutes passaient.... et rien ne se produisait !!!!! Les deux femmes se regardèrent, désespérées. Que faire ???? Lulu répéta les paroles magiques.... Toujours rien ! Elle se souvint alors que les Grands Maîtres avaient dit que la touche ultime nécessaire à libérer les poneys était inconnue, que c'était à elle de la trouver.... Alors Annouchk et Lulu épuisées par tant de travail qui s'avérait inutile, découragées et impuissantes, sentirent tous les espoirs s'envolés.... Finis les rêves de Poneys Pur Blanc et Pur Noir.... éteintes ces deux races aussi pures !!!!!! Les larmes leur montèrent aux yeux.... la première larme à toucher le sol fut celle d'Annouchk.... C'est alors que tombant sur la poudre déposée par l'éclair magique, elle déclencha un arc en ciel majestueux qui finit sa course sur l'échiquier... La pièce s'éclaira d'un coup.... C'était la touche ultime !!!! Les poneys reprirent vie et taille normale les uns après les autres. Ainsi, grâce à Lulu et Annouchk nous avons encore aujourd'hui dans nos écuries de magnifiques poneys pur blanc et pur noir.
nidoreine a écrit:Voilà ma version
Je déteste quand elle me fait ces yeux-là. Je ne veux pas de sa pitié. Elle a claqué la porte en entrant, il y a dix minutes. Je suis assis dans un coin. Je triture nerveusement un pinceau de la main gauche. Laisse-moi tranquille, Kath'. J'ai fait ce que j'ai pu... Même si ce n'était pas grand-chose. Je jette le pinceau, qui va percuter le volet tiré qui donne sur la rue. Katharina m'bouche gentiment. Je la déteste, même si c'est ma grande sœur. Peut-être parce que c'est ma grande sœur. « T'es malade, Kim' ? Tu veux qu'on se fasse choper ? ». Voilà ce qu'elle me dit. Bien sûr que non ! Je n'ai aucune envie de retourner dehors. Dans cet enfer. On peut entendre des voix graves qui crachent des ordres incompréhensibles dans la rue d'à côté. Les camions militaires ont envahi la ville. Si l'armée nous trouve, Kath' et moi, on est morts. J'ai encore moins intérêt qu'elle à me faire capturer, parce que le plan de secours, c'est : elle court, je me fais prendre pour ralentir les chasseurs de rebelles. Ça me fait rager, mais je n'ai pas le choix ; je ne peux plus courir depuis que je me suis pris une balle dans le tibia droit hier. La douleur ne diminue pas, même si Katharina m'a bandé la jambe avec son foulard. Maintenant, elle jette un regard furtif par la fenêtre, en le poussant doucement. Il grince horriblement, mais, dans la cohue ambiante, personne ne remarque ce bruit. Elle étouffe soudain un cri et me chuchote « Ils ont chopé Clem' ! Ils le collent contre un mur... » Sa phrase est achevée par une rafale de tirs. J'ose à peine imaginer à quoi ressemble Clément maintenant. Sans doute à un tas de charpie humaine. Je serre les dents, de rage, mais aussi de tristesse. Clem' était mon ami, et le chef de notre escadron. Mais il n'y a pas de guerre sans morts, et encore moins dans le cas d'une guerre civile... Peu à peu, le vacarme cesse dans la rue. Les soldats rentrent faire leur rapport aux foutus bureaucrates qui ont déclenché cette guerre. La pluie de novembre commence à nettoyer la rue du sang de Clem' et de nombreux autres, partout dans la ville. Partout dans le pays. Partout sur le continent. Partout dans le monde. Ma blessure me lance violemment. J'ai peur d'avoir attrapé une saleté d'infection. Ça, ça ne pardonne pas. Plus maintenant que les hôpitaux sont réquisitionnés par le gouvernement. Sale nuit, sous la pluie. L'halogène éclaire faiblement la pièce. Ce machin marche mal, mais quand même mieux que la radio. Le poste ne répond plus. Impossible de contacter Jackie, le cartographe de l'équipe. Il y a de quoi désespérer. Je suis coincé dans une sorte de cagibi, blessé, sans radio, avec la personne qui m'énerve le plus au monde, c'est-à-dire Kath'. Elle squatte le recoin le plus éclairé de la pièce pour lire un magazine. Un magazine !!! On est en guerre, on va sans doute y passer dans peu de temps, et elle, elle lit un 'tain de magazine ! Sans compter que le machin date d'au mois deux semaines. Pas de nouvelles fraîches, donc. Rien que du déjà moisi et périmé.J'ai envie de tuer Kath', mais ce n'est pas une bonne idée...Et je n'ai pas du tout envie de dormir à côté d'un cadavre. Elle me voit m'énerver et essaie de me calmer. Elle me tend mon pinceau. Je lui arrache des mains. Elle m'explique comme à un gamin que, de toute façon, on ne peut rien faire pour l'instant et qu'elle lit pour ne pas s'ennuyer. Je déteste quand elle fait ça. Mais elle a raison. Je déteste quand elle a raison. Je suis trop énervé pour m'ennuyer. Je passe ma colère en fusillant mentalement le gouvernement, l'armée, mon ancien prof de maths et Kath'. Je jette de nouveau le pinceau à l'autre bout de la pièce, assez fort pour qu'il se casse en deux. J'essaie de ne pas hurler de douleur et de frustration. Je sens que j'énerve Kath'. Elle me balance son magazine à la figure et me grogne de me calmer. En plus, elle a raison. Je la déteste encore plus. Mais on n'a pas le choix, il faut rester planqués jusqu'à ce que... en fait, je ne sais même pas ce qu'on attend, à part de mourir. Je ne peux pas bouger et cette gourde de Kath' ne se résout pas à m'abandonner à mon sort. Je sens que la nuit va être longue... Elle vérifie encore une fois le bandage rudimentaire qui entoure ma blessure. Son foulard, normalement bleu ciel, a pris une affreuse teinte violacée. Mais dessous, c'est encore pire. Ma plaie s'est infectée. Elle est presque noire. On voit bien l'impact de la balle. Ça me fait horriblement mal. Maintenant, on ne finira jamais la mission. Franchement, se faire avoir comme ça, sur une reconnaissance d'entrepôt... C'est pitoyable. Faut pas que j'y pense. Faut dormir. Il doit être minuit, à peu près. D'un coup, je prends conscience que je vais y rester. Même si on arrive à sortir de là et à ne pas se faire prendre par l'armée, l'infection m'achèvera. Je commence déjà à avoir de la fièvre. Kath' a relu quatre fois son magazine et l'a jeté par terre. Elle fouille les recoins sombres de la pièce, à la recherche d'une occupation. Elle est trop nerveuse pour dormir. Je soupire longuement. Je n'ai même plus la force de m'énerver. J'essaie de me rappeler ma vie d'avant l'Insurrection. Je n'y parviens pas. Bien sûr, je me doute que plus tard, disons, dans cinquante ans, ce sera raconté dans les manuels scolaires. Maintenant, je comprends les poilus qui faisaient l'Histoire il y a presque un siècle. Vous êtes morts pour rien, les gars. L'horreur de la guerre n'empêche pas l'homme de la faire. 14-18, Première Guerre mondiale. 39-45, Seconde Guerre mondiale. 12- ? Troisième Guerre mondiale. Nous faisons la première guerre civile mondiale. Je dis tout ça à haute voix. Kath' s'en fiche. Elle a trouvé un jeu d'échecs dans un coin et elle compte les pièces pour savoir s'il n'en manque pas. L'halogène déboîte de plus en plus. On n'a quasiment plus de lumière. Katharina me propose une partie d'échecs. Pourquoi pas ? Ça m'empêchera de penser à autre chose. À pire. Je prends les noirs. Nous jouons jusqu'à l'aube. Je perds presque à chaque partie. C'est parce qu'on ne voit presque plus rien. Généralement, je suis assez bon aux échecs, mais là... L'ultime échec ! Ironie du sort... Nous nous figeons soudain. Des bruits de pas, derrière la porte. L'immeuble est censé être désaffecté, pourtant... Kath' me regarde bizarrement. Elle me fait signe, mais je ne peux pas lui répondre. Je tremble terriblement. Katharina m'aide à me coucher sur le sol, là où il est le moins dur. Je me sens partir. Kath' ! J'ai encore quelque chose à te dire avant de... Avant... Pars. Vis. Laisse-moi. Et surtout, n'oublie pas. Nous nous battons pour la liberté. Pour pouvoir créer, transmettre, partager. Pour l'humanité. Je hoche la tête. Elle sait ce qu'elle doit faire. Elle plonge son index droit dans ma blessure et trace en rouge quatre lettres. ACTA. Des coups retentissent contre la porte de la pièce. Je meurs. La dernière chose que je vois, c'est un soldat qui défonce la porte. Kath' hurle mon nom d'une voix atroce.
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Re: Exercice d'écriture n°1 travailler sous contrainte
Bon c'est pas un chef d'oeuvre mais bon ...
La faible lueur de la lampe vacille dans l'obscurité ... Je regarde mon grand frère avec des yeux effrayés. Lui aussi semble paniqué.
"- Que va-t-on faire maintenant ?" demande-je avec anxiété tout en guettant des bruits extérieurs.
Il saisit un vieux pinceau qui traînait au sol et tenta de remettre un peu d'ordre dans ses poils noircis et collés par la peinture séchée.
"- Je ne sais pas ..." m'avoue-t-il avant de continuer : "Heureusement qu'on s'est réfugié ici non ?"
Je baisse les yeux et sent les larmes me monter aux yeux avant de faire tristement :
"- Mais ... Papa et maman ... Ils sont ... - Chut ... N'y pense pas. Le danger est écarté."
Il lâche son pinceau et pousse du pied un échiquier moisi ,qui a gardé par miracle toutes ses pièces, pour me rejoindre. Il me prend dans ses bras et me berçe doucement.
"- Tout ira bien, tu verras, les sauveteurs nous trouveront et on reprendra notre vie comme avant."
Il me sourit tendrement. Je hoche la tête et me mord la lèvre inférieure. J'essaye de ravaler mes larmes mais c'est plus fort que moi et j'éclate en sanglot en me blottissant dans l'étreinte rassurante de mon frère. Il me rassure toute la nuit mais je ne peux m'empêcher de repenser à tout ce qui s'est passé . Une grande explosion. Elle a tout ravagé et nous avons dû nous réfugier dans une petite pièce sombre sous notre maison. C'est la guerre dehors. Je continue de pleurer. Soudain la température baisse : la maison a été détruite et le chauffage vient de rendre l'âme nous laissant dans le froid. Mon frère me lâche et pour tenter de passer le temps allume la radio : évidemment elle ne marche pas. Il jure et saisit un magazine : il l'a déjà lu puisqu'il date d'il y a deux semaines. Soudain il se souvient du vieil échiquier et le met entre nous deux.
"- ça te dit un partie ?" me demande-t-il un sourire rassurant aux lèvres.
Je hoche la tête tout en sentant les larmes qui continuent de rouler sur mes joues. Il met en place les pions et je prends les noirs, comme toujours. Je les fait avancer et gagne au bout d'à peine un quart d'heure : j'ai toujours été très fort aux échecs. Nous replaçons les pions et jouons une autre partie ... que je gagne de nouveau. Il n'y a toujours personne qui vienne pour nous sauver. Je le regarde et je sais qu'il pense à la même chose que moi. Il laisse tomber ses pions et se traîne vers moi : il ne peut plus marcher, sa jambe a été blessée lors de l'explosion. Ses lèvres sont bleues et il est pâle : il fait de plus en plus froid. Je n'arrive plus à parler et je sens que du givre s'est formé sur mes sourcils.Il me prend dans ses bras et tente tant bien que mal de me réchauffer. Je jette un coup d'oeil à sa jambe : la plaie s'est infectée. Il est mal en point. Mais ce que je ne me rend pas compte c'est que je ne suis pas vraiment dans un meilleur état que lui. Une explosion retentit au dessus de nous et la terre tremble. Je lève le regard au plafond mais ne décèle rien : pas la moindre fissure. Notre abri est solide. Je regarde mon frère : lui aussi me regarde. Je le sais depuis le début mais lui demande quand même :
"- Tu m'as menti hein ? Ils ne vont pas venir les secours ?"
Il détourne le regard et me dit les larmes aux yeux :
"- Non ... Tout le monde là haut est mort ..."
Je me blottis une nouvelle fois dans ses bras et je le sens trembler. Soudain la lampe, qui jusque là nous apportait lumière et espoir, s'éteint dans un grésillement. Je me sens faible ... J'ai froid et tout devient sombre ... Je l'entends m'appeler mais je ne réponds pas. Je ne peux pas : mes lèvres sont gelées et je ne sens plus ma langue. Le froid pénètre encore plus en moi et j'ai envie de dormir. Doucement je ferme les yeux et entend une grande explosion ainsi que le cri de mon frère. L'obscurité me cueille et je me sens partir : je n'ai plus mal nulle part, le froid qui était en moi s'est évanoui et je me sens bien. Et finalement je meurs.
Dernière modification par meliemelo44 (2017-05-09 20:03:23)
Certaines choses sont trop importantes pour qu'on les abandonne.
On ne se libère jamais vraiment de la part d'obscurité qu'il y a en chacun de nous. C'est une lutte éternelle.
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